Environnement capacitant

Thème : Apprenance

Plus les individus participent de la construction de leur environnement, plus leur pouvoir d’agir est fort.

On peut donc, lorsque l’on réfléchit à la mise en place d’un espace pédagogique comme la salle de classe ou  le CDI, réfléchir au degré d'initiative qu’il va autoriser aux élèves. Dans les CDI, nous avons la chance de travailler dans et avec des espaces qui sont flexibles, dont le mobilier peut bouger et qui s'adaptent à la diversité des situations pédagogiques. Un environnement flexible favorise l’initiative des élèves, donc leur motivation à s'engager dans des expériences d’apprentissage. Pour développer cette idée, nous nous appuyons sur la notion d’environnement capacitant.

Environnement capacitant selon pierre Falzon

Pierre Falzon, ergonome qui s'intéresse aux questions de santé et de bien-être au travail, propose trois niveaux d'exigence de l’environnement capacitant :

- c’est d'abord un environnement non délétère pour l’individu. Il ne doit pas altérer sa santé ou lui être nuisible ;

- c’est ensuite un environnement qui prend en compte les différences de chacun, notamment les personnes handicapées, et favorise l’intégration et l’inclusion ;

- c’est enfin un environnement qui favorise de nouvelles compétences et de nouveaux savoirs, l’élargissement des possibilités d’action et du degré de contrôle sur la tâche et sur l’activité

 

coloriage ressources

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Prendre en compte le pouvoir d'agir

Solveig Fernagu-Oudet, sociopédagogue, a choisi d’explorer ce troisième aspect, ce qui la conduit à définir un environnement capacitant comme « un environnement favorable au développement du pouvoir d’agir des individus ». Qu'entend-elle par « pouvoir d’agir » ici ? C’est la capacité des individus à agir sur leur environnement, croisée avec les potentialités offertes par cet environnement. Dans cette logique, elle propose la mise à disposition de ressources riches et variées que les élèves sont libres d'utiliser ou non en vue d’apprendre et de se développer. « L’exercice effectif d’un pouvoir d’action dépend » nous dit elle, « à la fois des possibilités (les ressources) offertes par l’environnement et des capacités des personnes à exercer ce pouvoir (bagage expérientiel, compétences, désir d’agir, perception des possibilités d’action, capacité de projection, etc.) ». Si le pouvoir d’agir des individus se situe dans leurs interactions avec leur environnement, nous sommes nécessairement poussés à réfléchir à ce que peuvent être des environnements le favorisant.

Des dispositifs de classes enrichis

Mettre en place des dispositifs enrichis, capacitants représente un véritable défi pour les enseignants. Ils doivent à la fois proposer :

- des espaces physiques adaptés et modulables ;

- des ressources diversifiées ;

- des situations de formation possibles adéquates aux besoins des élèves.

Pour les professeurs documentalistes, la proposition de Solveig Fernagu-Oudet va plus loin que la simple mise à disposition de ressources. « Dynamiser les environnements de travail pour les rendre capacitants » écrit-elle, « consiste à aider les individus à mobiliser et utiliser les ressources qui sont à leur disposition et pas seulement les mettre à disposition. » Notre réflexion professionnelle doit donc porter aussi sur l'incitation à utiliser les ressources variées que nous mettons à disposition.

La place du corps

lire allongé couché

Il est impossible d’aborder la question de l'environnement capacitant sans aborder celle du corps. La pression exercée par le mobilier sur le corps des usagers induit des comportements spécifiques. Or nos capacités d’attention, de concentration, de mémorisation peuvent être augmentées ou amenuisées selon l'environnement dans lequel nous sommes. Nous le savons bien nous-mêmes, adultes : lorsque nous avons besoin d'un temps de travail autonome, nous aimons nous retrouver dans un environnement qui nous est familier et inspirant. Ce peut être chez nous avec notre bibliothèque personnelle, un jardin verdoyant, un accès internet, et notre équipement informatique. Ce peut être aussi un salon de thé chaleureux ou une médiathèque. Les outils mobiles facilitent nos déplacements et des postures corporelles confortables pour travailler ou lire. L’école devrait-elle occulter ce rapport physique qui nous unit aux lieux d'apprentissage ? Il est important dès maintenant de retenir que les environnements que nous mettons à disposition induisent des comportements et des postures corporelles chez les élèves.

Permettre des apprentissages autodirigés

Un environnement capacitant doit autoriser les actions spontanées et les apprentissages autodirigés.

Au CDI, des élèves qui voudraient répéter une pièce de théâtre, revoir un enchaînement de danse ou construire une maquette de château médiéval devraient pouvoir le faire. Malgré tout, les besoins ressentis par les usagers doivent pouvoir être comblés tout en ne gênant pas le bon fonctionnement du lieu et les autres usagers.

Ainsi, celui qui réfléchit à un espace d’apprentissage capacitant doit pouvoir penser, en lien avec les usagers, à des solutions qui permettent de répondre aux différentes aspirations et contraintes.